« Celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus.

Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps ni dans l’âme? Et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.

Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. »

J'aime ce texte de Pascal. Je le trouve vrai, mais, paradoxalement, faux. Retirer le corps et l'âme au "moi", je trouve cela dérangeant. À quoi serait réduit alors ce "moi" ? Car n'est-ce pas l'âme et le corps qui font que je suis moi ? Mes qualités, mes défauts, c'est ma personnalité, donc, c'est moi. Je pense également que le moi est périssable car je suis athée.
On peut aimer des qualités, certes, mais ne les aime-t-on mieux pas sur une personne ? Les qualités s'appliquent au "moi", mais pas l'inverse ! Ce qui fait que je suis moi, ce sont mes qualités et mes défauts. Le moi, les qualités et les défauts sont soudés entre-eux. Ils sont indivisibles. Si je perds une qualité avec le temps, je ne serais plus ce "moi" mais un nouveau "moi". On n'aime personne que pour des "moi" empruntés.

 
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Léo